Poème 4
Embauché malgré moi dans l’usine à idées
j’ai refusé de pointer
Mobilisé de même dans l’armée des idées
j’ai déserté
Je n’ai jamais compris grand-chose
Il n’y a jamais grand-chose
ni petite chose
Il y a autre chose
Autre chose
c’est ce que j’aime qui me plaît
et que je fais.
Jacques Prévert, Gallimard
Poème 5
Les sanglots longs
Des violons
De l’automne
Blessent mon coeur
D’une langueur
Monotone.
Tout suffocant
Et blême, quand
Sonne l’heure,
Je me souviens
Des jours anciens
Et je pleure ;
Et je m’en vais
Au vent mauvais
Qui m’emporte
Deçà delà,
Pareil à la
Feuille morte.
Paul Verlaine, dans Poèmes saturniens, 1866
Poème 6
Par les soirs bleus d’été, j’irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l’herbe menue :
Rêveur, j’en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.
Je ne parlerai pas, je ne penserai rien :
Mais l’amour infini me montera dans l’âme,
Et j’irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la Nature, - heureux comme avec une femme.
Arthur Rimbaud
마지막 수정됨: Tuesday, 24 July 2012, 8:38 PM